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et je ne sais pas lutter contre une préférence si bien méritée.

— Bah ! pourquoi se décourager ainsi répliqua M. de Rosac. Il faut combattre en ennemi généreux. D’ailleurs il n’est pas sûr que Léon soit aussi captivé que vous. Je vais l’observer ; et, dans peu, je saurai vous dire au juste ce qu’il en faut penser.

— Ah ! si vous la connaissiez ! dit en soupirant le marquis… et il commença un éloge d’Oliska, qui livra Céline à un tourment nouveau.

En ce moment Théobald entra ; M. de Rosac fit signe au marquis de se taire, et cela si maladroitement que chacun s’en aperçut. Il en résulta cette sorte de gêne que l’on éprouve en sentant qu’on interrompt une conversation dont on veut vous faire mystère. Ne sachant trop s’il devait rester ou sortir pour rendre la parole à l’orateur, Théobald regarda Céline comme pour lui demander conseil. Mais l’altération qu’il remarqua sur son visage acheva de le déconcerter. Heureusement pour lui, la gaieté de M. de Rosac vint à son secours. Sans rien comprendre à tout ce qu’il débitait de maximes, de sentences sur la nécessité de bien vivre avec ses rivaux, sur ce que le plaisir de les supplanter valait mieux que l’honneur de les vaincre,