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— Tu la reverras bientôt, répondit Théobald d’un ton imposant, et je te défends de douter des succès qui nous attendent, car le guerrier qui prévoit sa défaite est à moitié vaincu.

— Tu le sais bien, cher Théobald, ce n’est pas pour moi que je redoute la mort, mais ma mère !…

Et Léon ne pouvait retenir ses larmes.

Ta mère te pardonnera de lui avoir désobéi en te revoyant paré de l’ordre des braves ; d’ailleurs, en suivant ta vocation pour les armes, tu fais de bonne volonté ce que les autres sont forcés de faire. La conscription et les grades d’honneur te justifieront assez ; et ta mère elle-même n’aurait pu différer ton départ pour l’armée.

— Elle s’en flattait pourtant, reprit Léon, mon oncle devait l’appuyer de son crédit auprès du ministre de la guerre, et elle espérait que la voix de ce malheureux père serait entendue, et qu’après avoir vu périr son fils unique dans la dernière campagne, il pourrait conserver son neveu à sa famille. Mais loin de me prêter à ce projet, j’en ai rendu l’exécution impossible, en priant nos chefs avec instance de me comprendre dans le nombre des élèves qui sortiraient les premiers pour être envoyés à l’armée. Voilà mon tort.