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remplacé son costume de paysanne russe ; la dignité de son maintien ne rappelait en rien ses manières vives et franches, et il paraissait impossible qu’un si grand changement dans sa personne ne fût pas la conséquence d’un plus grand encore dans son caractère et ses sentiments. Ces réflexions glaçaient Théobald, et lui faisaient ralentir ses pas à mesure qu’il s’approchait de Nadège : elle s’en aperçut, et, devinant ce qui l’intimidait, elle lui tendit la main avec tant d’affection qu’il se précipita vers elle, saisit la main qu’elle lui présentait et la couvrit de larmes.

— Et Léon ! s’écria Nadège, n’est-ce donc pas lui que j’ai entendu nommer ?

Cette question rappela Théobald au danger qui le menaçait, et il fit à Nadège le récit des événements qui l’avaient entraîné malgré lui dans l’affreuse situation où il se trouvait.

— C’est pour Léon, c’est pour sauver la vie de sa mère que je suis devenu si coupable, ajouta-t-il ; Nadège me punira-t-elle d’un tort que mon amitié pour Léon pouvait seule me faire commettre !

— Non, reprit Nadège en pleurant, vous m’avez cruellement trompée par cette lueur d’espoir qui m’a ouvert un instant le ciel pour me faire retomber plus