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XXII


Tourmenté par tant d’inquiétude, Théobald se leva dès que le jour parut, pour se rendre à la vallée de Campan ; lorsqu’il y arriva, les gens de la princesse dormaient encore : il s’en étonna ; car il est de certaines agitations où l’on ne conçoit plus le repos, même dans les autres ; cependant il fallut se résigner à attendre. Une heure se passa sans qu’il se fît le moindre mouvement dans la maison. Enfin le vieux François vint ouvrir la grille du jardin, fit entrer Théobald, et lui montrant une allée couverte, il lui dit mystérieusement qu’il y trouverait quelqu’un : c’était sans doute Nadège. L’idée de la revoir triompha en cet instant des nouveaux chagrins de Théobald ; tout à ses anciens regrets, il lui sembla que l’ombre de Léon assisterait à cette entrevue, et qu’elle le protégerait auprès de son amie.

Mais si le souvenir de Nadège était présent à son cœur, il ne savait comment aborder mademoiselle Oliska, et cette crainte redoubla lorsqu’il l’aperçut au fond de l’allée. La mise élégante d’une Française avait