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exercée envers eux ; car depuis ce moment, assidus au travail, soumis à la discipline, Léon et Théobald offrirent l’exemple d’une conduite irréprochable et d’une application qui prouvait à la fois leurs moyens et leur vif désir de se distinguer parmi nos officiers les plus instruits : bons, dévoués, ils se faisaient pardonner leurs succès par leur soin à n’en jamais humilier leurs camarades ; aussi le jour où, choisis pour aller remplir les cadres de l’armée, ils quittèrent l’école au son du tambour, on vit tous les élèves pleurer en leur portant les armes.

Arrivé à Mayence, Léon trouva une lettre qui lui apprit que sa mère et sa jeune sœur venaient de débarquer à Bordeaux, pour se rendre au château de Melvas, où le frère de madame de Lormoy était retiré depuis peu d’années. À cette heureuse nouvelle, Théobald s’étonna de voir son ami s’affliger.

— Après une si longue absence, disait Léon, ne pas la revoir, mourir peut-être sans l’embrasser, sans connaître ma sœur ! m’éloigner de la France au moment où elles y viennent pour moi, au moment où j’allais enfin trouver une famille ! rendre à ma mère ce fils qu’elle a eu le courage d’envoyer en France si jeune, pour faire son éducation ; qu’elle aura peine à le reconnaître.