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doute plus heureux demain, et je reviendrai, madame, vous rendre compte de mon ambassade.

— Savez-vous, dit Céline, que c’est fort mal à vous d’encourager ainsi ce monsieur dans son amour pour une jeune personne dont la condition est au-dessus de la sienne ?

— Vraiment, je n’ai pas besoin de l’encourager ; son amour est déjà assez violent.

— Eh bien, il faut le combattre, dit Céline, car il n’en peut résulter que du malheur.

— Pourquoi donc ? Le marquis est fort aimable.

— C’est justement pour cela ; il se fera aimer, et la pauvre fille pleurera toute sa vie. Ah ! si l’on savait tout ce qu’il y a de barbare à provoquer un amour que les préjugés du monde condamnent à n’être jamais heureux, on se garderait d’une légèreté si cruelle.

— Bah ! reprit en riant M. de Rosac, l’on voit tant de victimes de ce genre se consoler gaiement, que l’on ne se fait pas un crime de leur plaire.

— Mais celles qui ne se consolent pas en meurent, dit Céline, d’un accent qui fit tressaillir Théobald.

Alors il se leva pour cacher ce qu’il éprouvait, et chacun se sépara.

Le lendemain matin madame de Lormoy reçut un