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gner un procès l’an passé, et qui m’ayant toujours confié ses affaires, a pensé devoir aussi me confier ses amours.

— Quoi ! il est amoureux de la princesse ? demanda Théobald.

— Non, vraiment, il n’est pas si raisonnable ; mais la princesse a près d’elle une demoiselle de compagnie dont il raffole. C’est une merveille, un ange, une de ces héroïnes dont on ne sait que les vertus et jamais la naissance ; elle fuit le monde, à ce qu’il prétend, et ne reste dans le salon de la princesse qu’autant qu’elle est obligée d’en faire les honneurs ; elle est d’une grâce et d’une mélancolie ravissantes ; enfin, il fallait bien voir toutes ses perfections pour être en état d’en causer avec le marquis, et il m’a présenté chez la princesse uniquement pour me prouver qu’il avait raison d’être fou de mademoiselle Oliska. Mais la sauvagerie de sa belle ne m’a pas permis de lui payer le tribut qu’il exigeait de mon admiration. Elle venait de quitter le salon de la princesse quand nous y sommes entrés. Le marquis a demandé de ses nouvelles ; on lui a dit qu’elle répondait à des lettres que venait de recevoir la princesse, et la soirée s’est écoulée sans que le pauvre marquis vît paraître l’objet de sa passion ; nous serons sans