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voir obtenu de nos geôliers la permission de soigner sa vieille tante, la duchesse de. M…, qui était dans la même prison que moi. C’est là que nous avons vu périr toutes deux ce que nous avions de plus cher. Après la mort de sa tante, se trouvant sans asile, n’osant pas sa montrer, dans la crainte de s’attirer de nouvelles persécutions, elle désira rester près de moi ; nous passâmes près d’une année ensemble ; après ce temps, une de ses parentes vint la chercher pour la mener en Russie, où j’ai appris qu’elle avait fait un grand mariage. À cette époque je partis pour les colonies, et l’éloignement a fait cesser notre correspondance sans rien ôter au tendre souvenir que je conserve de son amitié. Je vois avec plaisir qu’elle ne m’a point oubliée non plus, et vous m’obligerez d’aller lui demander dès demain, quand je pourrai la voir ; malgré ce que je souffre, je sens que cette visite me fera du bien. Mais comment se fait-il que vous ne nous ayez pas parlé plus tôt du séjour de la princesse ici ?

— C’est, répondit M. de Rosac, parce que je l’ignorais moi-même, et que d’ailleurs j’aurais pu le savoir sans deviner l’intérêt que vous y preniez. Un hasard assez singulier m’a conduit chez elle. J’ai rencontré ici le jeune marquis de Boisvilliers à qui j’ai fait ga-