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moment où M. de Rosac revenait de la redoute, l’esprit orné de tout ce que le commérage d’une ville de bains peut fournir à la plaisanterie médisante.

Madame de Lormoy, craignant que cette vie retirée ne finît par ennuyer Théobald, l’engageait à se faire écrire chez plusieurs personnes distinguées, qui avaient témoigné le désir de se lier avec lui. Mais il s’y refusait toujours sous différents prétextes, ne pouvant se résoudre à faire graver sur des cartes de visites un nom qui n’était pas le sien ; et Céline, tout en approuvant ses scrupules, frémissait en pensant aux soupçons qu’ils pouvaient exciter.

Un soir que M. de Rosac revint plus tard qu’à l’ordinaire, Théobald s’empressa de dire que, sans doute, il avait été retenu par quelque rencontre heureuse. Ce sont de ces petits soins auxquels un rival ne manque jamais. Loin d’en être déconcerté, M. de Rosac répondit qu’en effet il en avait fait une des plus agréables, et dont madame de Lormoy ne se réjouirait pas moins que lui ; alors, sans attendre de question, il ajouta : J’arrive de la vallée de Campan où j’ai trouvé, installée dans un vieux château, une femme adorable, pleine d’esprit, et qui a le bon goût d’aimer ces dames à la folie ; du moins madame de Lormoy, ajouta-t-il, car