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Il se fit un long silence pendant lequel Théobald s’abandonna aux rêves les plus doux. Avec quel soin il protégeait cette tête charmante contre les moindres cahos ! Dans la crainte de troubler son sommeil, il respirait à peine ; mais il contemplait avec ravissement l’expression céleste répandue sur les traits de Céline. C’était la douce sérénité de la confiance et de l’amour. Tant de pureté ne pouvait inspirer que des idées dignes d’elle, et ce moment de bonheur affermit encore la résolution que Théobald avait prise de tout sacrifier à la réputation de Céline. Une seule pensée troublait le charme douloureux de ses réflexions. Il redoutait avec raison, le moment où Céline s’éveillant tout à coup, se trouverait si près de lui. Il aurait voulu pouvoir la prévenir d’un seul mot, l’empêcher de témoigner sa surprise ; mais c’était impossible : les regards de sa mère, ceux de M. de Rosac étaient attachés sur elle, et il fallait se résigner à ce qui arriverait.

On allait changer de chevaux ; la voiture s’arrête ; Céline se réveille, jette un regard d’effroi sur Théobald, et s’éloigne de lui en s’écriant :

— Ma mère !

Heureusement l’agitation qu’elle éprouve, son air