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cette somme, confiée à l’administration d’un honnête tuteur, avait été consacrée à l’éducation de Théobald. Admis à dix-huit ans à l’école militaire de Saint-Cyr, c’est là qu’il avait rencontré Léon de Saint-Irène. Leur première entrevue fut le signal d’un combat sanglant : Léon n’avait pu entendre prononcer le nom d’Eribert sans entrer en fureur, sans demander à Théobald compte du sang répandu par son père. Ils s’étaient battus un jour de sortie, et Théobald était tombé percé d’un coup violent ; il le crut mortel :

— Que ton père soit satisfait, dit-il ; comme lui, je meurs innocent.

À ces mots, Léon, déchiré de remords, le conjurait de vivre, et voulait se frapper lui-même, pour expier son injuste fureur.

— Je suis un assassin, s’écriait-il, devais-je t’accuser, te flétrir d’un crime qui n’est pas le tien, et venger sur toi un meurtre déjà puni par le ciel !

Enfin, les soins, l’amitié de Léon ranimèrent Théobald ; mais sa convalescence fut longue. Le bruit de cette affaire étant parvenu aux oreilles des chefs de l’école, il fallut de hautes protections pour maintenir les noms des deux nouveaux amis sur le tableau des élèves. Mais on eut bientôt à se féliciter de l’indulgence