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viens, et je voudrais pouvoir l’adopter aussi facilement que vous ; mais c’est assez de renoncer au seul bien qui m’attache à la vie, je ne saurais le voir possédé par un autre. Là, ma soumission expire.

— Eh bien dit Céline en pleurant, plongez-nous donc dans le désespoir, car je puis tout supporter plutôt qu’un soupçon déshonorant. Songez que vous n’êtes point mon frère, que je le sais, et que si l’on pouvait me supposer capable d’avoir secondé cette ruse pour encourager votre amour, je serais déshonorée à jamais ; car je n’ignore pas que cet amour ne peut être approuvé de ma famille. Ah ! puisque vous oubliez la promesse que vous m’avez faite, puisque ma réputation, mon repos, vous sont indifférents, je ne vous demande plus rien, partez : ma mère ne me pardonnerait point d’avoir compromis mon honneur pour sa vie.

Ces derniers mots, dits avec toute la fierté qu’inspire une résolution courageuse, ne laissèrent plus d’espoir à Théobald. Cependant il essaya de prouver à Céline que son mariage avec M. de Rosac n’était pas absolument nécessaire à leur justification ; mais elle persista dans le dessein de paraître consentir à cette union ; seulement elle s’engagea à ne point en fixer