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attendant, il remarquait ses soins empressés pour Céline, et Théobald, qui était sans cesse contraint à lui céder le plaisir de lui donner le bras à la promenade, et à le voir jouir du droit de se consacrer à elle sans qu’on pût le blâmer, en ressentait un dépit difficile à cacher. Céline s’en aperçut, et tout en accusant Théobald d’injustice, elle chercha un moyen de le rassurer. Mais, dans la crainte de se laisser aller à quelques reproches amers, il fuyait les occasions de parler à Céline, sans penser que sa tristesse et son regard courroucé lui disaient tout ce qu’il voulait taire.

Enfin, au dernier relais, avant d’arriver à Bagnères, Céline profita d’un moment où sa mère causait avec M. de Rosac pour engager Théobald à l’accompagner jusqu’au sommet de la montagne où la voiture viendrait les joindre. Alors prenant son bras sans attendre sa réponse, elle l’entraîna vers la route et lui dit :

— J’étais reconnaissante de votre résignation à nous suivre, mais si vous montrez tant d’humeur, vous me ferez repentir d’avoir exigé de vous ce nouveau sacrifice.

— Résignation, sacrifice, pouvez-vous employer ces mots, répondit Théobald, quand il s’agit du bonheur de vous suivre ? Ne savez-vous plus tout ce que votre