Théobald, qui redoutait de fâcheuses rencontres, essaya de prouver à ces dames qu’il leur était inutile dans ce voyage, puisqu’elles avaient pour défenseur un chevalier si accompli. Mais madame de Lormoy déclara qu’elle croyait avoir trop peu de temps à vivre pour sacrifier un seul des moments qu’elle pouvait encore passer avec ses enfants. Céline, après avoir entendu ces tristes mots, avait dit à Théobald :
— Ne l’affligez pas, venez avec nous.
Cet ordre n’était-il pas irrésistible ?
La veille du départ, Théobald écrivit à Marcel de venir l’attendre à Bordeaux, où il comptait se rendre incessamment. Sans l’instruire de sa situation présente, il lui manda qu’une affaire imprévue l’ayant contraint à garder quelque temps l’incognito, il le priait de ne pas prononcer son nom aux gens qu’il pourrait rencontrer à Bordeaux, se réservant de lui expliquer plus tard la cause de ce mystère.
En écrivant cette lettre, Théobald s’étonna de l’espèce de honte qu’il éprouvait à n’oser convenir du titre qu’il usurpait, malgré lui, auprès de madame de Lormoy. Il lui semblait entendre Marcel dire avec son ton brusque et sa vieille franchise : Un brave officier comme vous peut-il s’abaisser à passer pour un autre ; doit-il