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tion l’aurait emporté sur sa prudence ; mais, en s’accordant sur tous ces points, Céline ne s’apercevait pas qu’elle n’osait plus prendre le bras de Théobald pour retourner au château, et qu’elle ne pouvait plus lui parler, sans rougir, que de sa mère.


XIX


À dater de ce jour, il n’y eut plus de repos pour Céline. Sous le poids d’un secret qui alarmait sa conscience, elle se faisait des scrupules des moindres actions auxquelles l’obligeait sa feinte parenté, et plus d’une fois son extrême retenue faillit la trahir. M. de Rosac fut le premier à s’apercevoir de l’embarras qui régnait entre le frère et la sœur, et comme ses remarques étaient à peine faites qu’il les confiait ordinairement à tout le monde, il dit :

— Eh bien, que se passe-t-il donc ici ? l’on se boude, la sœur baisse les yeux, le frère ne dit mot, et ni l’un ni l’autre ne nous écoute ! il ne faut pas souffrir cela, et si madame de Lormoy le permet, je vais m’emparer de son autorité pour mettre fin à cette brouille.

En disant ces mots, M. de Rosac saisit la main de