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— Ainsi donc, je n’ai plus rien à espérer, dit Céline accablée de douleur. Vous prononcez l’arrêt de ma mère… le mien peut-être…

— Non ! je t’obéirai, s’écria Théobald, je ne partirai point ; et, s’il le faut, je te le jure, tu n’entendras jamais parler de cet amour. Sans cesse exposé aux injures de ton oncle, tu me verras écouter, sans pâlir, ses discours injurieux pour Théobald ; j’attendrai patiemment le jour qui, détruisant son illusion, me livrera à toute sa colère ; je supporterai jusqu’à ta froideur même ; je puis me résigner à tout, mais non à ton malheur. Ah ! tant de soumission ne me rendra-t-elle pas ta confiance ?

Il y avait trop de vérité dans l’accent de Théobald, pour ne pas rassurer Céline, et c’est le cœur ému des plus généreux sentiments d’amour, qu’ils se promirent de renoncer l’un à l’autre.

Céline, ne devant plus voir désormais qu’un frère dans Théobald, lui interdit tout ce qui devait leur rappeler une autre affection. Ils convinrent de réunir leurs soins pour empêcher la triste vérité d’arriver à madame de Lormoy tant que sa santé la mettrait en péril ; ils devaient surtout éviter d’instruire M. de Melvas ; car, au moindre soupçon de sa part, son indigna-