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— Ne craignez rien, dit-il, celui que vous avez pu nommer un instant votre frère, peut-il jamais vous offenser ? Ah ! c’est pour vous conserver la paix, l’honneur, qu’il s’exile de ces lieux. Songez-y donc, Céline, je vous aime depuis longtemps… j’ai reçu votre aveu… et je pars !…

— Vous partez !… et ma mère !

— Hélas ! j’aurais voulu prolonger éternellement son erreur. Mais forcé de vous quitter, je vais écrire à M. de Melvas de préparer sa sœur à la triste nouvelle que je venais vous apprendre ; qu’il blâme ou non la faiblesse qui m’a fait accepter le rôle qu’on m’a presque imposé ; qu’il m’accuse d’avoir cédé à l’effroi que m’inspirait l’état de votre mère, peu m’importe : la résolution de vous fuir, de renoncer à Céline m’acquitte assez envers lui ; et sa colère ne peut rien ajouter à mon malheur.

— Mais elle en va mourir, disait Céline en versant un torrent de larmes ; que faire ? Ô ciel ! qui me guidera dans cet affreux moment !

— Ordonnez : quel que soit le sacrifice que vous exigiez de moi, vous l’obtiendrez, Céline ; ma vie vous appartient ; je ne l’ai conservée, après avoir perdu Léon, que pour vous la consacrer tout entière : il en a