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meurs ici… Tu me dois ta pitié ; mais si ton cœur me la refuse, pense à ta mère.

— Ma mère ! répéta Céline, avec l’accent de la terreur ; si elle savait, ô mon Dieu !… mais qui donc peut l’avoir trompée ainsi ?

— Tu l’as trop deviné ! Quel autre que l’ami de Léon pouvait s’exposer à perdre ton estime pour épargner la vie de ta mère ?

— Et mon frère !… où est-il ? demanda Céline d’un air égaré.

À cette question les yeux de Théobald se remplirent de larmes. Hélas ! c’était répondre, et la malheureuse Céline, succombant au coup qui allait frapper sa mère, tomba inanimée dans les bras de Théobald.

En la voyant ainsi, il s’abandonna au plus violent désespoir, s’accusant de n’avoir pas su ménager sa douleur : il l’appelait à grands cris, lui prodiguait les noms les plus tendres. Enfin les accents de sa voix suppliante parvinrent au cœur de Céline ; ses yeux se rouvrirent ; amis à peine eurent-ils rencontré le brûlant regard de Théobald, qu’elle fit un mouvement pour se dégager de ses bras. Offensé de cette marque d’effroi :