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que tu me donnes… Un bonheur réel a remplacé sans peine l’espoir le plus incertain, et voilà ce que tu crains de m’apprendre. Je te rends grâce de cette pitié, mais je n’en suis pas digne, ajouta Céline d’un ton dédaigneux. Je n’avais aucun droit sur le cœur de Théobald, il en peut disposer sans blesser le mien ; d’ailleurs il n’est point de rêve sans réveil, et je ne doute pas que mon sentiment ne s’évanouisse avec l’illusion qui l’a fait naître. Je pourrais te reprocher de l’avoir si longtemps entretenu ; mais je te pardonne : à l’avenir ne me trompe plus, car je hais toute espèce de ruse, et celle qui servirait Théobald en ce moment, lui ravirait pour jamais mon estime.

— Eh bien, accable-moi donc de ton mépris, s’écria Théobald, ne pouvant plus contenir le secret qui l’oppresse, oui ! je te trompe ; la plus étrange fatalité m’a conduit à l’action la plus coupable, et pourtant le ciel sait que j’en suis innocent ; mon amour même n’en peut être accusé : ta mère seule a tout fait… Je ne suis pas Léon.

À ces mots, Céline, glacée d’effroi, se lève pour s’éloigner de Théobald ; mais se précipitant à ses pieds, il la retient et dit :

— Ne fuis pas sans m’entendre, ou je te le jure, je