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crime : Théobald doit rejeter ton noble sacrifice ; pourrait-il l’accepter sans t’associer à son malheur, sans trahir la confiance de ta famille ? Oui, tout lui ordonne d’abandonner l’espoir qu’il tenait de ton frère : ce vœu d’une si sainte amitié ne doit point s’accomplir…

— Que dis-tu ?… Quoi ! c’est après avoir mis tant de soin à créer, à maintenir cette espérance dans mon âme, que tu veux l’anéantir ? Quel changement s’est donc opéré dans ton amitié pour lui ? As-tu donc oublié ces lettres où tu semblais m’ordonner de l’aimer ? Ah ! je ne puis croire à tant d’inconséquence, tu me trompais alors, ou tu me trompes aujourd’hui ; mais je saurai la raison d’une conduite si étrange, et si je l’apprends par d’autres que par toi, je sens que mon cœur t’en gardera un éternel ressentiment.

— Ah ! n’ajoute pas au tourment que j’éprouve.

— Eh bien, dis-moi ce qui t’afflige.

— Je ne le puis.

— Théobald serait-il de retour en France !… Tu ne me réponds pas ?… Il est ici peut-être ?

— Oui… répondit Théobald, d’une voix presque éteinte.

— C’est lui qui te réclame. Son cœur a changé. Je j’avais pressenti : c’est lui qui te dicte les sages avis