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contente de te revoir, s’il lui fallait renoncer tout à coup à ce bonheur. Va, quel que soit le devoir qui le réclame, il ne saurait l’emporter sur celui qui t’enchaîne ici. Mon oncle sait-il ce départ ?

— Non ; mais il l’approuvera, j’en suis certain.

— Moi, j’en doute, et je vais à l’instant même lui en demander son avis.

— Par grâce, Céline, laissez-moi l’instruire de ce projet ; moi seul je puis lui en expliquer les motifs.

— Et pourquoi m’en faire un mystère ? Pourquoi répondre si mal à ma confiance ? Ce projet, tu viens de le concevoir ; sans doute, quelque malheur l’a fait naître, car ton cœur ne se résignerait pas à nous affliger ainsi pour une cause légère, et si tu t’obstines plus longtemps à me la cacher, je croirai que tu crains de me frapper d’une affreuse nouvelle… Je croirai que Théobald… Tu détournes les yeux… tu trembles… Ah ! je ne me trompe pas… Malheureuse… il se meurt !… Et Céline fondit en larmes, en se laissant aller dans les bras de Théobald.

— Non ! il vit pour t’aimer, s’écria-t-il, pour te regretter toujours, et c’est toi qu’il implore pour qu’il ait le courage de renoncer à toi… Il ne peut plus t’abuser ; son amour était une folie ; le tien en fait un