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famille, pour y séduire une jeune personne dont la main lui était refusée d’avance. Le caractère de Théobald ne lui permettait pas de prolonger davantage une erreur dont on pourrait l’accuser d’avoir voulu profiter, et il se décida à partir au plus lot, en laissant à M. de Melvas une lettre qui lui expliquerait les motifs de sa conduite. Mais, avant de s’éloigner pour toujours de Céline, il voulut la préparer par quelques mots à cette séparation ; et c’est la veille du jour fixé pour son départ, qu’il la pria de venir le rejoindre dans un endroit du parc où elle se promenait tous les soirs.

Avec quelle douloureuse impatience il l’attendit sous ces beaux ombrages, où il ne devait plus la revoir ! que de tristes adieux il adressa à tout ce qui l’entourait ! Combattu entre la résolution d’accomplir son devoir, et le désir de rester un jour de plus auprès de Céline, il frémissait d’entendre le bruit de ses pas ; il aurait voulu qu’un obstacle la retînt près de sa mère, et pourtant, lorsqu’il aperçut sa robe blanche à travers le feuillage, le malheur présent, les regrets à venir, tout céda au charme de sa présence.

— Eh bien, Léon, qu’as-tu décidé ? dit Céline ; M. de Rosac vient demain chercher ma réponse ; que lui dirai-je ? Ah ! mon Dieu, ajouta-t-elle en voyant