Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bald qui m’ordonne de l’oublier ! de l’abandonner à son malheur !…

— Oui, lorsqu’il s’agit de ton intérêt, je dois sacrifier tous les miens. J’avoue qu’un moment, séduit par l’idée de voir Théobald le plus heureux des hommes, j’ai oublié l’arrêt qui le condamne à vivre éternellement loin de ta famille.

— Cet arrêt, peux-tu l’approuver ? N’ai-je pas vu ton amitié en gémir ? Ah ! tu veux imiter en vain la sévérité de mon oncle, je vois des larmes dans tes yeux ; mon bonheur et celui de ton ami triomphent d’un préjugé barbare. Ton estime, ta reconnaissance pour Théobald avaient déjà su vaincre cet affreux préjugé, pourquoi l’amour n’aurait-il pas la même puissance ?

— Ah ! c’en est trop, s’écria Théobald en se levant, cet effort est au-dessus de mon courage : il faut te fuir, pour résister à ta prière… l’aveu que je viens d’entendre a jeté trop de trouble dans mon esprit, pour qu’il me soit permis de te donner un conseil… Je vais réfléchir sur le parti qu’il nous faut prendre… Crois que le soin de ton bonheur m’occupera uniquement… Chère Céline, si tu savais !… Mais non, ajouta-t-il en s’éloignant, tu ne comprendrais pas… comment tant de désespoir… peut s’allier à tant de joie.