Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Théobald ; puis, cherchant à réprimer le sentiment qui l’égarait : Oui, je suis garant des efforts qu’il a faits pour surmonter la passion qui l’entraîne vers toi ; mais la même puissance qui te révélait son amour l’enchaînait à ton image ; il te voyait partout : il croyait t’entendre parler, lorsque ton frère lui laissait lire les expressions si touchantes de ta tendresse. Il regrettait de ne pouvoir t’apprendre qu’il existait au bout du monde un malheureux dont tu charmais l’exil. Ah ! s’il avait pu deviner que ses vœux parvenaient jusqu’à toi, que tu daignais y répondre, tous les supplices de la captivité ne l’auraient point empêché de bénir son sort ; et pourtant, ajouta Théobald comme frappé d’une réflexion sinistre, son sort ne peut être qu’à jamais misérable !

— Eh ! pourquoi ? reprit en souriant Céline, si tu dis vrai, s’il m’a devinée, s’il m’aime, crois-moi : nous braverons tous les obstacles.

— Non, j’en prévois d’invincibles ; et le plus grand de tous est l’excès même de son amour pour toi ; il ne voudra jamais te faire partager la honte de sa naissance ; le temps n’est plus où l’on pouvait couvrir de lauriers les taches de son nom, et tu dois en porter un plus noble.

— Qu’entends-je ! c’est Léon, c’est l’ami de Théo-