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sur un champ de bataille ; puis se dévouant sans faste à secourir le malheur. Pour achever la séduction, il m’apparaissait, après ces actions d’éclats, livré à une douce rêverie, les yeux attachés sur mon portrait et m’adressant tout bas les plus tendres aveux. Enfin, à force de le rêver, j’ai cru le connaître ; et, ne doutant pas de son existence, j’attendais le moment où elle me serait entièrement révélée, lorsqu’une lettre de toi vint me frapper d’une lumière subite. C’était la triste relation de ce qui était arrivé à ton ami et à toi, depuis le combat où, après avoir été si dangereusement blessés, on vous avait faits prisonniers. Tu dois te rappeler ajouta Céline, en s’étonnant du silence de Théobald, que ce paquet fut confié par toi à un négociant d’Oriembourg, qui nous l’a fait exactement parvenir.

— Oui, répondit Théobald d’une voix étouffée, et je n’oublierai jamais la reconnaissance qui lui est due.

— Eh bien, dans cette relation où tu semblais te complaire à faire valoir les soins de ton ami, où tu peignais son caractère avec des couleurs si séduisantes ; où tu vantais ses actions avec un enthousiasme ai vrai, je crus retrouver l’image de celui qui captivait déjà toutes mes pensées.