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mariage ne s’en conclurait pas moins. Il est bien plus sûr d’avouer le sentiment qui s’y oppose ; il n’en peut naître que de nobles dans une âme aussi pure que celle de Céline, et elle ne doit pas craindre de les confier.

— J’admire avec quelle ténacité tu reviens toujours à ce que tu veux savoir. Je te le dirais peut-être, si tu me promettais de ne pas te moquer de moi, et surtout de ne jamais en parler à celui…

Et Céline s’arrêta, ne sachant quel nom donner à l’objet de sa pensée. Son visage s’embellit alors d’une expression que Théobald ne lui avait jamais vue ; son regard s’anima, comme à l’apparition de ce qu’on aime, et le plaisir de parler de cet être inconnu qui dominait son imagination, triomphant de son trouble, elle ajouta vivement :

— Tu le promets, n’est-ce pas ?

— Oui, tu peux tout exiger de moi, répondit Théobald, ému d’une crainte involontaire : il n’est rien que je ne puisse sacrifier à ton bonheur.

— Hélas ! il est impossible, le bonheur que tu me désires ; tout me prouve qu’il faut renoncer à ce rêve charmant, et pourtant rien ne peut m’en distraire. Au reste ma folie est ton ouvrage, et tu dois l’excuser.