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secret, et point du tout à me sortir d’embarras. Cependant je n’ai pas un instant à perdre. M. de Rosac m’a instruite de la demande qu’il avait faite à ma mère, en ajoutant d’un ton solennel, que ma réponse déciderait de son sort.

— Au fait, si ce n’est qu’une idée folle, qu’un caprice d’enfant, qui s’opposent à ses vœux, je ne vois pas pourquoi l’on contrarierait les désirs de sa famille et ceux d’un homme qui ne déplaît point, pour satisfaire ce caprice.

— C’est fort bien raisonné… et pourtant je me ferais conscience de contracter un lien sacré avec le cœur occupé d’un sentiment semblable.

— Ah ! c’est un sentiment qui est l’obstacle ?

— Non, c’est plutôt un rêve ; mais, comme ni l’un ni l’autre ne paraîtront jamais des raisons suffisantes, j’ai envie de dire à ma mère que M. de Rosac te déplaît.

— À moi !

— Sans doute ; je lui laisserai entrevoir que vos caractères ne s’accorderaient point, et que je serais trop malheureuse de vous voir mal vivre ensemble.

— Mais ce n’est pas moi qu’il épouse, et ce serait me rendre odieux à toute la famille inutilement : on rirait de mon antipathie pour M. de Rosac, et le