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sirs qui les charmaient autrefois ? Le culte de la raison n’exclut point les plaisirs de l’esprit, et les hommes qui font les grands événements d’un siècle doivent lire, il me semble, avec intérêt, les aventures et les moindres faits qui s’y rattachent. C’est dans cette confiance que j’ose publier cet ouvrage. S’il passe inaperçu, je m’en consolerai par l’idée qu’il avait à lutter contre des circonstances trop graves ; s’il obtient quelque succès, j’en serai fière comme d’une victoire, et j’en ferai l’hommage à ma chère Delphine, en reconnaissance de tout le bonheur que je lui dois.


I


C’était dans la fatale année où l’incendie de Moscou éclaira nos derniers triomphes. Le froid, la victoire et la mort, conjurés contre nous, semblaient s’être coalisés pour venger le monde de l’excès de notre gloire. Les soldats que le fer et le feu n’avaient pu abattre, succombaient à la rigueur d’un ciel glacé, et regrettant la vie moins que le combat, expiraient honteux de leur mort inutile. Parmi ceux que la confiance ou la jeunesse aidaient à braver tant de maux, on remar-