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nent, et tout cela finit, comme de coutume, par des regrets sur le passé, et quelques injustices pour le temps présent.

En sortant de table, M. de Rosac s’empara de nouveau de la main de Céline, et la conduisit vers la terrasse. Théobald se disposait à les suivre, espérant trouver enfin l’occasion de dire à Céline qu’il la conjurait de ne plus être triste, qu’il était au désespoir de lui avoir déplu, et que jamais il ne l’avait trouvée si jolie qu’avec sa robe bleue. Mais le baron le retint par le bras en lui disant : Laissons-les causer ensemble ; il faut bien se connaître un peu avant de rien conclure. Alors il ramena Théobald vers le docteur, qui s’entretenait avec madame de Lormoy, en prenant son café.

Si Théobald avait été moins occupé de ce qui se disait sur la terrasse, il n’aurait pu s’empêcher de rire du plaisir que le docteur semblait prendre à prescrire la diète la plus austère, après s’être donné pour son propre compte la satisfaction de dîner le mieux possible. Mais Théobald, les yeux attachés sur Céline, cherchait à deviner à sa contenance ce que lui disait M. de Rosac. Il la voyait tour à tour rêveuse, embarrassée ou riant aux éclats. Cette gaieté n’avait rien de naturel, et paraissait naître seulement de l’envie de