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les maux attachés à la guerre, à l’ambition et même à la gloire.

Théobald, animé par la sortie qu’il venait de faire contre M. de Rosac, défendit avec chaleur les intérêts de l’armée française ; il cita des traits de bravoure et de dévouement dont l’antiquité même n’offrait point de modèle. Entraîné par sa belliqueuse éloquence, on écoutait avec avidité le récit de ces fatales victoires, où la flamme restait seule en possession du champ de bataille, et après avoir déploré avec lui tant de malheurs irréparables, on se vit forcé de convenir que ceux qui les avaient affrontés si courageusement, seraient longtemps les premiers soldats de l’Europe.

Les sentiments patriotiques triomphent ordinairement des opinions les plus opposées. M. de Melvas abhorrait celui qu’il appelait l’ogre de la jeunesse française, le diable incarné de la guerre, et il ne pouvait se défendre d’un mouvement de fierté en pensant que son fils avait partagé quelque temps la gloire de ses armées, et que s’il n’était pas mort à la victoire d’Eylau, il aurait pris sa part de tant de nobles revers. Mais honteux d’avoir cédé un moment à cet orgueil national, M. de Melvas fit une longue diatribe contre la rage des conquêtes et les désastres qu’elles entraî-