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bien la métaphore. Mais il devrait nous raconter quelques-unes des aventures galantes qui lui sont arrivées dans ses forêts du Nord. On dit que les Sibériennes sont charmantes, et que les glaces de leur pays n’empêchent pas qu’on ne brûle pour elles.

— De deux choses l’une, reprit Théobald, ou je n’ai point eu de succès auprès d’elles, et c’est trop m’humilier que d’en convenir, ou j’en ai obtenu, et j’en dois le secret. Ainsi vous voyez que je ne puis imiter votre aimable confiance.

La réponse déplut à M. de Rosac, car avant d’en venir à son récit funèbre, il avait raconté quelques histoires dans lesquelles il trahissait les regrets amoureux de plusieurs de ses victimes. Il ne savait comment, disait-il, on avait appris qu’il voulait se marier ; cette nouvelle avait semé l’alarme parmi les jolies femmes de Bordeaux, et il était accablé de lettres, d’explications, de reproches interminables. Théobald, devinant bien que cette fatuité provinciale ne pouvait plaire à Céline, l’encourageait de son mieux. Mais M. de Melvas, qui voulait montrer son favori plus à son avantage, mit la conversation sur un sujet plus intéressant. On parla des affaires publiques, de l’échange des prisonniers, du retour de plusieurs officiers