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ressentait tous les symptômes. La pâleur de Céline aurait dû l’avertir du mal que ce récit lui faisait ; mais trop occupé de lui pour rien voir, M. de Rosac s’étendait avec tant de complaisance sur les moindres détails de cette agonie, que Théobald prit le parti de l’interrompre, en lui demandant s’il ne pourrait pas les entretenir d’un sujet plus gai.

— Comme il vous plaira, répondit M. de Rosac. Nous ne manquons pas à Bordeaux d’histoires fort divertissantes.

— Et dont vous êtes le héros, je gage, dit Théobald d’un ton flatteur et malin.

— Qui, moi ? reprit M. de Rosac en jetant un regard sur Céline ; j’ai donné ma démission de toutes ces affaires-là. C’est à vous, cher Léon, à vous lancer sur cette mer orageuse ; vous n’y manquerez pas de bonnes prises, armé comme vous l’êtes ; moi, je suis au port, et à moins qu’on ne me repousse cruellement du rivage, j’espère bien m’y fixer pour jamais.

— Oui, je sais que l’on dit toujours ainsi, reprit Théobald, au risque de s’enfuir avec la première barque qui se présente.

— Pas mal, vraiment, répliqua M. de Rosac avec l’approbation la plus humiliante ; pas mal, il suit très