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Est-il donc besoin pour captiver l’attention du public le plus spirituel de l’Europe, de ces grossiers portraits dont on charge les défauts pour assurer la ressemblance, et de ces noms obscurs écrits en toutes lettres à propos d’une histoire galante dont la révélation jette le trouble dans les familles, sans aucun profit pour l’amusement du lecteur ? Non, les ouvrages de nos meilleurs auteurs attestent le contraire ; et soit qu’ils aient imaginé ou raconté, ils se sont bornés à peindre fidèlement les vices, les vertus, les grâces que l’on rencontre généralement dans le monde, sans en faire d’application particulière ; ils ont prouvé qu’on peut retracer les caractères des gens qui offrent le plus de traits d’originalité, sans dépeindre leur personne et dévoiler leur vie ; et qu’enfin la connaissance des modèles n’ajoute rien à l’effet des tableaux.

Il y a peut-être beaucoup de présomption à tenter le succès d’un roman à une époque où l’esprit tourné vers des intérêts politiques, chacun fait, ou croit faire de l’histoire ; mais n’avons-nous pas le droit d’espérer que le moment approche, où les grandes questions débattues si souvent seront enfin décidées à l’avantage de tous ; et que, n’ayant plus rien à craindre pour leur repos et leur liberté, les Français reviendront aux loi-