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homie qui confondait Céline. C’était surtout les éloges que M. de Rosac faisait du prétendu Léon à madame de Lormoy et à sa fille, qui charmaient Théobald.

— Vraiment, disait-il bien haut à Céline, le docteur avait raison ; votre frère est un cavalier charmant. Il est bien rare de trouver dans les gens de son état une tournure si élégante, et des manières si accortes. Avec tous ces avantages-là, pour peu qu’il ait de l’esprit, il troublera plus d’un ménage bordelais, je le prédis. Ma foi, il fait bien d’être votre frère, ajouta-t-il, en se rapprochant de l’oreille de Céline, car je le sens je le prendrais en horreur.

Ravi d’avoir lancé ce trait, M. de Rosac se leva d’un air dégagé ; mais moins adroit que vif dans ses mouvements il s’accrocha le pied dans le tabouret de madame de Lormoy, et il serait infailliblement tombé, si le docteur, menacé de le recevoir dans sa chute, n’était venu à son secours. Ce petit échec ne le déconcerta point ; il vint donner avec assurance son avis sur une nouvelle politique dont s’entretenait M. de Melvas avec Théobald ; puis, revolant auprès de Céline, lorsqu’on vint avertir que le dîner était servi, il s’empara de sa main comme d’une propriété incontestable, la conduisit dans la salle à manger et se plaça près