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nait à son bras, et s’enfuit sans écouter la voix suppliante qui la rappelait.

En la voyant s’éloigner ainsi, que de reproches s’adressa Théobald ! Hélas ! un seul mot aurait suffi pour le justifier ; mais pouvait-il le dire sans porter l’effroi dans ce cœur innocent. Se nommer à Céline, n’était-ce pas la perdre sans retour ? Non ; M. de Melvas devait seul recevoir cette triste confidence. C’était dans la résolution de sugir son courroux que Théobald trouvait l’excuse de sa conduite présente. Sa faute s’ennoblissait à ses yeux par la sévérité du châtiment ; il était inévitable, il se fit gloire de l’affronter : ainsi la dignité du péril relève les actions coupables.

Théobald ramassa tristement la corbeille et les fleurs : il les remit à Zamea, en la priant de les arranger dans les vases qu’avait préparés sa jeune maîtresse. Elle y consentit avec peine, dans la crainte de contrarier Céline.

— Mais que se passe-t-il donc ? dit Zamea ; je viens de la voir entrer dans sa chambre, les yeux pleins de larmes. Je devine : votre oncle l’aura grondée. Pauvre enfant ! si douce, si bonne, avoir le courage de la faire pleurer. Ah ! que le ciel confonde celui qui l’afflige !