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d’un ton confidentiel. Mais j’ai des lettres à écrire, et je vous charge tous deux des ordres qu’il faut donner.

En disant ces mots, il monta dans son cabinet, et Céline entraîna Théobald vers le jardin.

— Y penses-tu, lui dit-elle, quand ils furent seuls, parler ainsi à mon oncle ! ne sais-tu pas que la moindre résistance le met en courroux, et que si tu n’as pas l’air de partager ses idées, jamais nous ne l’amènerons à ce que tu désires.

— Comment deviner que c’est un crime à ses yeux de ne pas adorer tout d’un coup M. de Rosac ?

— Adorer ! quelle exagération ! Voilà déjà le mal du pays qui te prend. On peut, sans adorer les gens, se prêter à les connaître ; surtout lorsqu’ils sont aimés de nos parents.

— Ah ! si j’avais sa que Céline l’aimât…

— Qui te dit que je l’aime ?

— Mais… ce zèle à me gronder pour lui : je ne l’ai jamais vu, et déjà l’on m’impose l’obligation d’être aimable pour lui plaire.

— D’abord tu l’as déjà vu le soir où, sans nous connaître encore, le hasard t’a fait nous rencontrer au spectacle à Bordeaux. Tu en es convenu l’autre jour avec moi, tu as même ajouté avec ironie que les manières