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de leur famille, ne rendent pas digne de ton choix.

— Ainsi donc, le malheureux Théobald doit renoncer à jamais…

— Garde-toi bien de le lui dire, interrompit Céline, cet arrêt peut se révoquer. Puisque mon oncle t’aime déjà, sans doute il t’aimera chaque jour davantage ; une fois sa confiance acquise, tu pourras l’intéresser à ton bonheur, lui démontrer que tu ne saurais être heureux sans ton ami ; d’abord tu le lui feras connaître en racontant tes batailles, tes malheurs, puisqu’il a été de moitié dans ta gloire comme dans tes périls. Je sais des traits de Théobald qu’il ne pourra entendre sans attendrissement ; car moi-même je n’ai pu les lire sans pleurer. Et puis, nous trouverons d’autres moyens de vaincre cette injuste prévention. Je tâcherai de mettre ma mère de notre parti ; enfin, cher Léon, je te supplie de te résigner en ce moment à la volonté de mon oncle. Surtout cache à ma mère le chagrin que tu en ressens. Elle voudrait en parler à son frère, et cela amènerait des discussions pénibles. Ne troublons point le calme et le bonheur dont elle a tant besoin ; quand nous n’aurons plus rien à craindre pour sa santé, nous nous révolterons. D’ici là, c’est à moi seule que tu parleras de ton ami, et je te promets