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dont il gémit encore, que de faire peser sur le fils la haine due au père ; mais j’ai vainement supplié en faveur de ton ami ; je n’ai pu obtenir de M. de Melvas qu’il le laissât venir ici ; il exige même que tu rompes tous rapports avec lui, et te permet seulement de lui écrire la nécessité où tu te trouves de faire ce sacrifice à ta famille ; il a de plus ajouté que pourvu que M. Eribert ne mît jamais les pieds chez lui, il ne se refuserait pas à reconnaître ce qu’il a fait pour toi, en lui rendant service si l’occasion s’en présentait.

— Lui rendre service ! répéta Théobald avec fierté, et reçoit-on les services de ceux qui nous méprisent ? Non ; quand la bravoure, l’honneur ne suffisent pas pour s’acquérir l’estime des hommes, il faut les fuir. Théobald saura se soustraire à leurs préjugés barbares.

— Modère cette juste indignation ; songe, qu’à l’âge de mon oncle, les préjugés sont presque des passions, qu’ils en ont toute la force, et qu’il faut les combattre par la douceur. J’ai voulu opposer la raison, la prière à cette injuste volonté, eh bien, j’aurais mieux fait de m’y soumettre sans résistance, : mes représentations m’ont attiré des soupçons, des reproches, et j’ai mal servi la cause de ton ami.