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c’était la tuer indubitablement, et l’humanité, la reconnaissance, tout ordonnait à Théobald de continuer le rôle qu’on lui avait assigné malgré lui ; comme cette obligation répondait à tous ses scrupules, il se résigna sans remords à profiter des bienfaits passagers d’une situation qu’il n’avait point choisie, et qu’en résultat, son titre de frère rendait fort innocente.

Il fut éveillé par un valet de chambre que le baron avait chargé de le servir pendant l’absence de Marcel. Véritable gascon de comédie, Francisque lui raconta, en moins de vingt minutes, tout ce qui s’était passé au château depuis qu’il y était né. Dans la vivacité du récit, Théobald perdit beaucoup des premiers détails mais quand il en vint à l’arrivée de madame de Lormoy chez son frère, il ne perdit pas un mot des éloges que Francisque donnait à mademoiselle Céline, qui pourtant se moquait souvent, disait-il, de son accent, et plus encore de ce qu’elle appelait ses gasconnades.

— Elle aime donc beaucoup à rire ? demanda Théobald.

— Ah ! monsieur, répondit Francisque dans son langage, elle est d’une gaieté folle.

— Cependant l’état de sa mère l’afflige.