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mère était sans cesse présent à son esprit. Il ne se sentait pas le courage de l’accroître en lui dévoilant la triste vérité. Il sera toujours temps, pensait-il, de changer sa joie en désespoir : ce n’est pas moi qui ai voulu son erreur, celle de sa famille ; et puisque j’en souffre seul, je ne puis être blâmable. Oui, Léon lui-même m’ordonnerait de me taire encore pour sauver la vie de sa mère ; d’ailleurs, ce premier mouvement passé, je pourrai tout avouer à M. de Melvas, et sa prudence décidera de ma conduite.

Rassuré par tant de bonnes raisons, Théobald en cherchait vivement de semblables pour justifier l’intimité que sa fausse parenté autorisait entre Céline et lui. La main appuyée sur son cœur, il y croyait sentir encore l’impression des battements qui s’étaient confondus avec les siens quand Céline l’avait embrassé comme son frère. Il se rappelait que ce frère lui avait souvent répété que son vœu le plus cher serait de le voir uni à sa sœur chérie ; l’adorer, tout faire pour l’obtenir, n’était-ce pas encore obéir à Léon ? Ainsi le cœur, ingénieux à chercher les moyens de légitimer son amour, érige en devoir sa faiblesse.

Le bruit d’une voiture, qui entrait dans la cour du château, sortit Théobald de ses rêves d’espoir. Il des-