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de mademoiselle de Lormoy vint bientôt frapper son oreille.

Après avoir décidé à l’unanimité qu’elle était la plus belle, un de ses admirateurs dit :

— Eh bien, il paraît que l’oncle se détermine en faveur de M. Achille de Rosac ; cela devait être : il est flatteur, riche, avantageux. Ces gens-là ont toutes les bonnes affaires du pays.

— Vous vous trompez, dit un autre, je sais, de bonne part que le général B…, qui commande ici, a demandé en mariage mademoiselle de Lormoy pour son fils.

— Vous avez raison, dit un troisième ; mais ce que vous ignorez, c’est que M. de Melvas l’a refusé net, malgré tous les avantages attachés à ce beau parti ; et cela par suite du serment qu’il a fait de ne point admettre de militaire dans sa famille ; son aversion pour eux est si grande qu’il n’a pas même voulu recevoir le général lorsqu’il a été lui rendre visite. C’est à cette ridicule antipathie que l’élégant Rosac devra son succès. On ne reçoit que lui au château de Melvas, il flatte le baron dans toutes ses manies, il apporte chaque semaine de nouvelles recettes pour guérir les maux de nerfs de madame de Lormoy ; il fait de mauvais vers pour sa fille ; et comme il n’y a