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rer Théobald ; car leurs yeux se rencontrèrent au moment même où Pharan dit à Salema :


Ah ! si j’avais trouvé dans l’antique Assyrie,
Dans la féconde Égypte ou la riche Médie,
Quelque objet vertueux qui me sût enflammer,
Qui fût né pour l’amour et qui craignît d’aimer,
Qui portât dans son sein, modeste et recueillie,
Le doux, l’heureux trésor de la mélancolie ;
Ce bonheur douloureux, cette tendre langueur,
L’aliment, le plaisir et le charme du cœur ;
Oh ! comme à ses genoux, soumis, tendre et fidèle,
Heureux de ses regards, heureux d’être auprès d’elle,
Adorant ses vertus et vivant sous sa loi, etc.


Ici le visage de Théobald s’anima d’une expression si vive que Céline, confuse, reporta subitement sa vue sur Salema, et parut si captivée par l’ouvrage et par le jeu des acteurs, qu’elle ne jeta plus un regard sur la salle. Cette retenue apprit à Théobald qu’il avait été remarqué, et il en conçut une secrète joie. L’idée d’être reconnu de Céline lorsqu’il lui serait présenté redoublait son impatience de se rendre à Melvas. Mais comment aborder ce farouche baron ? Fallait-il croire tout ce qu’en disait l’aubergiste ? et n’était-il pas prudent de prendre d’autres informations à ce sujet ? Pendant que Théobald se livrait à ses réflexions, ses voisins profitaient de l’entr’acte pour causer à voix haute sur les jolies femmes qui paraient la salle, et le nom