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— Je la verrai ! dit Théobald.

Et l’aubergiste, se trompant sur l’inflexion qui avait accompagné ces mots, reprit :

— Sans doute, vous la verrez ; mais si vous ne la connaissez pas, cela ne vous avancera pas à grand’chose. Il faut au moins que je vous la désigne ; d’abord, vous saurez qu’elle a…

— Des cheveux blonds admirables, interrompit Théobald, de grands yeux, un teint éclatant, une taille charmante…

— Ah ! si vous l’avez déjà vue, vous n’avez pas besoin de mes instructions ; d’ailleurs, vous n’avez qu’à regarder du côté où tous les yeux se fixeront, vous êtes bien sûr de ne pas vous tromper.

Alors Théobald congédia son hôte, pour s’occuper de sa toilette ; il dîna à la hâte, et se rendit un des premiers à la salle de spectacle.

On donnait Abufar, cet ouvrage qui triomphe des plus justes critiques par le seul intérêt d’un amour dont notre théâtre n’offre aucun autre modèle. Cette profonde mélancolie qui prête tant de charmes à la passion, cette fatalité de l’amour dans un cœur vertueux, étaient si bien comprises par le talent de Talma, qu’on souffrait autant des peines que Pharan n’osait