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XVII


Frédéric est parti hier matin comme il m’en avait menacée. Quand je suis descendue au salon, madame de Gercourt est venue à moi en m’accablant de politesses. Elle m’a parlé du plaisir de vivre avec moi comme si nous étions destinées à passer notre vie ensemble. Je ne saurais te répéter la quantité de jolies phrases qu’elle a faites en ma faveur. Tu dois te rappeler que je n’ai jamais su répondre à tous ces compliments d’usage ; non-seulement ils ne me plaisent point, mais ils me rendent si gauche que j’en suis humiliée. Comment ajouter foi, je te prie, aux expressions d’une amitié, quand on n’a rien fait pour l’inspirer ? Et comment, sans se rendre coupable de fausseté, se décide-t-on à laisser croire qu’on la partage ? Ce peut être une chose reçue dans le grand monde, mais ceux qui n’y vivent pas, doivent être dispensés de tant de gêne, et je profite de mon droit. Madame de Gercourt m’aura trouvée bien simple ; en effet, mes manières sont loin de celles qu’on remarque à la cour. Elle y a vécu et par conséquent en a pris toutes les habitudes, cela doit lui servir