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je le revis l’été dernier à Paris, avec milady Léednam, Henri était déjà à Strasbourg.

— En effet, reprit Caroline, jamais sir James ne m’en a parlé.

Le souvenir de mon cher Henri me plongea dans une douce rêverie : je ne pensai plus à ce que m’avait dit Frédéric, et n’y répondis pas. Mon silence aurait duré longtemps si la voiture ne s’était pas arrêtée ; mais nous étions arrivés, et M. de Savinie se disposait à nous donner la main. Quand nous fûmes descendus, il me prit à part et me conduisit dans un des pavillons du jardin. Là, il me dit :

— J’ai désiré de vous un moment d’entretien particulier, madame, pour implorer les bontés que votre amitié pour Lucie me laisse espérer. Je suis au moment de lui causer un grand chagrin : il faut que je parte, et mon absence sera longue. J’ai reçu il y a huit jours des lettres de Saint-Domingue, qui m’apprennent la mort d’un oncle dont je suis unique héritier. Il est de la plus grande importance que j’aille mettre ordre aux affaires de cette succession, qui compose une forte partie de la fortune que je dois laisser à mes enfants. Je serais coupable d’en abandonner le soin à un étranger, qui serait bien sûrement la dupe de tous ceux intéressés à ne pas déclarer les propriétés sur lesquelles j’ai des droits, et vous voyez que je suis contraint de m’embarquer au plu-