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XIV


Ce que j’avais prévu est arrivé. Frédéric a pris l’émotion que j’ai éprouvée, en voyant couler les larmes de sa mère, pour la marque certaine du chagrin que me causait son départ. Il a vu dans ce que j’ai dit une invitation à rester, et il m’en a témoigné très-clairement toute sa reconnaissance. Tu sais que je devais dîner, il y a quelques jours, chez madame de Savinie, j’y fus avec ma fille, Caroline et Frédéric ; madame de Varannes était restée au château pour différentes affaires qui l’y retenaient ; et c’est pendant que nous étions en voiture que Frédéric me dit tout bas que j’avais décidé de son sort, et que, dût-il perdre son régiment, il ne le rejoindrait que par mon ordre ; il ajouta qu’il attendrait du temps et de sa persévérance, la récompense qu’il tâcherait de mériter par la conduite la plus soumise et la plus respectueuse. J’allais lui répondre lorsque Caroline l’interrompit pour lui demander si Henri avait connu sir James.

— Non, répondit-il, mon frère était en Suisse pendant l’année que je passai avec sir James, et lorsque