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— Bon, dit-elle, vous êtes jolie comme un ange, n’est-ce pas, Frédéric ?

— Jamais madame ne me parut mieux, répondit-il, et je n’oublierai de ma vie le témoignage de bonté qu’elle vient de m’accorder.

En achevant ces mots il sortit, et revint quelques moments après, accompagné de sir James.

Cette fois son premier regard fut pour moi ; il me troubla : je pensais qu’il cherchait à lire dans mes yeux ce que j’éprouvais pour son ami, et l’idée d’être soupçonnée d’une infidélité (car c’est ainsi que je regarderais le sentiment qui m’attacherait à un autre qu’à Henri) augmenta ma rougeur. Peut-être l’a-t-il interprété différemment ; il est si ordinaire de se tromper sur tout ce que l’on voit ! Peut-être dois-je à cette pensée la manière affectueuse dont il m’a abordée ! Au reste, je n’y veux pas attacher une si grande importance ; c’est bien assez de souffrir de ses peines, sans s’inquiéter des soupçons qu’elles font naître chez les gens qui n’y prennent aucun intérêt.

Au milieu du déjeuner, on apporta les journaux, Frédéric en lut tout haut quelques articles concernant la politique ; et passant aux nouvelles que nous appelions autrefois le commérage des journaux, il lut ce qui suit :

« Nous apprenons par une des gazettes de Londres, que cette milady Léednam, qui a fait tant de