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J’hésitai quelques moments, ne sachant pas ce que je devais faire. Frédéric avait-il parlé à sa mère de notre entretien ? voulait-il s’éloigner en gardant son secret ? Dans cet embarras, je calculai que de toute façon il paraîtrait fort extraordinaire que je ne me rendisse pas à la prière de madame de Varannes ; je m’habillai et descendis dans son cabinet avec une émotion facile à concevoir. Aussitôt qu’elle m’aperçut, elle me dit d’un ton suppliant :

— Ma chère Laure, venez m’aider à retenir Frédéric, il veut nous quitter et n’appuie cette volonté d’aucune bonne raison. Son congé ne portait que trois mois, il est vrai, mais j’ai obtenu sa prolongation, il peut compter sur l’indulgence de ses chefs, ils sont trop heureux de faire retomber sur lui les grâces que méritait à tant de titres le marquis d’Estell, et je ne vois pas ce qui l’empêche d’en profiter.

— Eh bien, je m’en rapporte à madame d’Estell, interrompit Frédéric, j’ai eu le malheur d’offenser une personne de laquelle j’attendais une grâce infinie, je ne saurais trop tôt réparer mes torts envers elle, mon séjour ici ne doit servir qu’à les aggraver, et ce n’est qu’en remplissant strictement mes devoirs que je puis espérer l’oubli de ma faute.

— Je sais ce que c’est, répondit madame de Varannes, le duc de L… a trouvé mauvais que vous fis-