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MADAME SOPHIE GAY[1]


La mort nous dicte des sujets d’étude dont quelques-uns sont des devoirs. Un critique qui est, comme nous le sommes, à son poste de chaque semaine, ne saurait laisser passer, sans les saluer, les pertes les plus remarquables que font la littérature et la société. Madame Sophie Gay, morte à Paris le 5 mars dernier (1852), a été une personne de trop d’esprit et trop distinguée dans les Lettres pour être ensevelie en silence. Elle a beaucoup écrit, et, en ce moment, je n’ai guère moins d’une quarantaine de volumes d’elle rangés sur ma table, romans, contes, comédies, esquisses de société, souvenirs de salons, et tout cela se fait lire, quelquefois avec un vif intérêt, toujours sans ennui. Mais madame Gay était bien autre chose encore qu’une personne qui écrivait, c’était une femme qui vivait, qui causait, qui prenait part à toutes les vogues du monde depuis plus de cinquante ans,

  1. Cette Notice a été écrite six semaines après la mort de madame Sophie Gay, et elle embrasse l’ensemble de ses œuvres. Elle fait partie de la collection des Causeries du Lundi, publiée par MM. Garnier frères.