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blement. Par ce moyen, tu croiras toujours vivre avec moi, je serai plus en état de recevoir tes conseils, et nous serons réellement moins éloignées l’une de l’autre.

Madame de Savinie m’a écrit ce matin pour m’annoncer sa visite, et m’apprendre le départ de son frère ; il est absent pour quinze jours. Caroline était seule avec moi quand je reçus son billet, la bonne petite s’est mise à pleurer en me disant :

— Il est parti sans nous faire ses adieux ; ma sœur, ne trouvez-vous pas cela bien mal ?

— Mais pas autant que vous, lui ai-je dit, une affaire importante l’a sûrement forcé de quitter Savinie, et vous saurez bientôt la raison qui doit l’avoir empêché de nous prévenir de son départ.

— Je conçois que vous pensiez ainsi, vous ne connaissez point le caractère de sir James, vous ne savez pas que peut-être il ne reviendra plus.

Et ses larmes recommençaient à couler.

Ce moment était favorable pour l’engager à me faire l’entier aveu de ses sentiments, et je crus devoir en profiter.

— Vos pleurs m’instruisent assez, lui répondis-je, de tout l’intérêt que vous portez à sir James ; mais, bonne Caroline, avez-vous réfléchi quelquefois sur le danger qui en peut résulter. Si je ne craignais pas de vous paraître indiscrète, je vous ferais part des